
French writer, écrit de la SFFF et des fanfictions, poste sur l'écriture et reblogue Pratchett
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Voyage
Voyage
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 5 août
Thème : Vibration/souvenirs d’autres vies
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Le tintement du bois sur le bol tibétain. Juste une note qui résonne jusqu’à l’intérieur d’elle-même. Une vibration.
Elle se concentre. Sur l’instant. Sur son corps.
La note. Vibration.
Elle n’existe plus qu’en une minuscule version d’elle-même, de plus en plus concentrée. Elle devient son souffle à l’intérieur de son corps. Une toute petite molécule d’air à l’intérieur de ce souffle.
Vibration.
Encore plus petit. A l’intérieur de l’intérieur. Jusqu’à
Vib
ce qu’elle se traverse elle-même, son âme qui se retourne comme un gant, et qui se redéploie de l’autre coté
Tout ce qu’il y a à voir tout ce qu’il y a à découvrir de l’autre coté des autres vies tant d’expériences tant de sensations tant de souvenirs tous ces univers qui sont là qui sont ailleurs qui sont autres comment tout voir tout comprendre tout engranger plus vite plus viteplus vite encore
et c’est trop, déjà la fatigue arrive, toute cette énergie venait d’un autre corps trop lointain, il faut revenir, l’âme qui se recentre et retraverse, revient à la maison
ration
toujours minuscule de retour dans son propre corps, sa propre vie, et peu à peu
Vibration.
la concentration s’affaiblie, laissant la pensée se dilater, s’épanouir, dans tous le souffle, tous les poumons.
La note. Vibration.
Elle revient à elle peu à peu et reprend possession de son corps. Son esprit. Son être uni à nouveau avec elle-même.
A nouveau, le bois tinte sur le bol, laissant flotter dans les airs une nouvelle note, une ultime vibration.
Elle ouvre les yeux.
« C’était rapide. Tu as pu trouver ce que tu voulais ?
Elle s’étire, savourant ce simple geste. Dans sa tête, les souvenirs du voyage menacent de s’effacer, aussi fugaces que des rêves. Si près et si loin à la fois.
— C’était… instructif. »
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alexar60 liked this · 2 years ago
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Le silence
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 4 août
Thème : Puzzle/sous la canopée
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Une nouvelle pièce est tirée de la boîte du puzzle. Louis l’examine soigneusement avant de la rapprocher de l’image. Ce puzzle est difficile. Rien ne ressemble plus à une feuille d’arbre qu’une autre feuille d’arbre, et là, sous la canopée, ce ne sont pas les feuilles qui manquent.
Les animaux sont déjà faits. Singe, jaguar, anaconda, tout ça c’est assez facile à repérer et à assembler. Les fleurs, aussi, sont presque toutes déjà placées, ou au moins installée environ à la bonne distance des bords. Les bords sont bien sûr déjà finis, c’est la première chose à faire et Louis s’y applique consciencieusement, à chaque fois qu’il ouvre une nouvelle boite.
Il aime les puzzles. Il a toujours aimé ça. Ça empêche de penser.
Louis est installé sous la table – privilège des enfants, en tout cas ceux qui sont encore dans le groupe des petits. Il aimerait bien que la nappe des jours de fête soit installée. Ça ferait comme une cabane de tissu. Il aime bien les cabanes. Il se sent protégé dedans. A l’abri.
Au-dehors, la pluie tambourine contre la vitre, furieuse.
Au-dedans, les éclats de voix toutes aussi furieuses, mais différentes. Feutrées. Les voix de parents qui ne veulent pas que les enfants entendent les disputes.
Là-haut, Lisa est dans sa chambre, écouteurs sur les oreilles, la musique à fond. Elle a passé l’âge de jouer sous la table. De toute façon, Louis ne comptait pas vraiment sur elle. Quand les cris démarrent, c’est chacun pour soi. Chacun sa cachette. Son évasion. Sa technique pour ramener le silence.
Louis se concentre sur ses feuilles. Son puzzle est bien plus dur que ceux recommandés à son âge, mais il s’applique. Et Papa et Maman sont si fiers de lui, après. Ils s’en vantent auprès des autres adultes, la félicitation suprême. Louis qui est si intelligent. Louis qui est si sage. Ah, on a bien du souci avec Lisa, c’est l’âge, c’est la crise d’adolescence, mais Louis est un enfant modèle. Un amour. Un ange.
Louis s’applique. Plus c’est dur, mieux c’est. Il y est presque, dans la jungle. La canopée s’épaissit, feuille après feuille, liane après liane. Les fleurs qui voguaient encore sans amarres trouvent leur place peu à peu dans cette luxuriance verte. C’est plutôt joli.
Un claquement sec dans la cuisine. Le bruit d’une gifle. Louis sursaute comme si c’était un coup de tonnerre. Il regarde un peu, sans les voir, les pièces qui restent devant lui. Elles deviennent floues. Les larmes qui montent. Une porte qui claque. Le moteur de la voiture qui s’éloigne. Des sanglots dans la cuisine.
Il se concentre.
On ne montre pas aux adultes qu’on sait. Ça leur fait de la peine. Il n’y a rien dans la cuisine. Il ne s’est rien passé. Louis essuie ses yeux. Il finit son puzzle. Les feuilles. Les arbres. La canopée. En la regardant assez fort, elle pourrait l’engloutir – offrir un abri plus puissant encore que la table avec sa nappe des jours de fête, un refuge où personne ne pourrait venir le chercher. Il vivrait au milieu des fleurs, des singes et des jaguars.
La pluie tambourine à la fenêtre, de moins en moins fort. Le silence retombe sur la maison.
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La forêt qui s'agite
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 12 août
Thème : forêt/sur le devant de la scène
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Quand on fait la forêt, on n’est pas sur le devant de la scène. C’est comme ça.
On a un rôle muet collé par la maitresse parce qu’il fallait bien que tout le monde participe au spectacle de fin d’année et qu’elle pense qu’on ne sera pas très bon pour apprendre un texte ou le réciter en public, ou les deux. Et ce n’est pas parce que c’est vrai que c’est pas très énervant. En fait c’est même pire.
Donc on est planté là – lol, planté, comme un vrai arbre – au fond de la scène, et il faut agiter les branches. Enfin les bras. Les branches sont attachées sur les bras. Donc il faut agiter les bras pour faire comme si on était un arbre qui bouge les branches. Alors il ne faut pas faire ça n’importe comment, les arbres ça ne fait pas des grands mouvements de ventilateur avec leurs branches, sinon tout le monde s’inquiète, donc on s’entraine, et la maitresse dit que ça ne va pas, alors on refait, et au bout d’un moment c’est bon, on sait faire les branches qui s’agitent.
Sauf qu’en fait, si on y réfléchit bien, les branches d’un arbre ça ne s’agite pas du tout. Des fois un peu, quand il y a du vent. Mais pas dans tous les sens comme on fait. Comme si la maitresse voulait juste nous faire faire quelque chose.
C’est trop nul d’être une forêt.
Ca y est, c’est le grand jour. Tous ceux qui font la foret ont leur costume d’arbre en carton. On est bien alignés. On agite nos branches quand les autres font leurs répliques. Eux, ils ont droit de faire du vrai théâtre, il y a une histoire et tout.
Bon. Imaginons - juste comme ça – que ce soit l’orage. Ça peut arriver.
Si c’est l’orage, il peut y avoir la foudre.
Si il y a la foudre, elle peut tomber dans la forêt.
Si elle tombe dans la foret, elle peut faire s’écrouler un arbre.
Et après cet arbre peut rouler, rouler, rouler, et faire tomber tous les autres arbres de la forêt comme des quilles, et finir tous en tas, sur le devant de la scène.
Moi je pense que ça serait super intéressant dans la pièce. Histoire que les parents ne s’ennuient pas. Il y a de la surprise, de l’aventure, des troncs d’arbres qui roulent. Ce serait top !
Vous n’êtes pas d’accord ?
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La musique des Sphères
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 10 août
Thème : humanité/le musicien fantôme
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Qui a prétendu que seule l’humanité connaissait la musique ?
Seuls les humains écrivent la musique, oui. Ils ont eu cette idée étrange de passer par la vue pour transmettre le son. Pourquoi pas. D’ailleurs, ils ne le font pas tous, ni toujours, ni partout.
Mais ils ne sont absolument pas seuls à connaître la musique.
Tout le monde animal chante, bruisse et rythme sa vie de sons qui leurs sont propres et précieux, musiciens appréciés de leurs pairs, et parfois au-delà – surtout les oiseaux, sauf bien sûr les canards. Une musique de vie, de territoire, d’avertissement, de joie et de reproduction, une musique qui rythme les jours des musiciens.
Tout le monde végétal chante, aussi – discrets bruissements pour lesquels il faut tendre l’oreille, murmure des échanges chimiques entre les racines, pop léger des bourgeons et des fleurs qui éclosent, vibrations. Les musiciens de la chlorophylle ont un tempo lent, ça ne les empêche pas de diriger le monde, chefs d’orchestres discrets d’une vaste symphonie. Le monde entier, après tout, bat à leur rythme qui marque l’année.
Et le minéral, croyez-le ou non, joue aussi sa partition. Lente et grave, puissante et rocailleuse, égayée par le murmure d’un ruisseau et le tintement des gouttes de pluie, secoué par les grondements féroces de la terre et le claquement implacable du tonnerre – nul ne peut ignorer le plus puissant des musiciens, celui qui tient la vie de tous les autres dans le creux de sa paume.
Non, le talent propre à l’humanité, ce n’est pas la musique – c’est d’avoir su écouter celle des autres. Entendre ce que leurs oreilles ne pouvaient pas atteindre. Enregistrer chaque vibration, chaque rythme, et en jouer la musique secrète. Jusqu’au chant des étoiles qui parvient jusqu’à nous, y compris les étoiles mortes, musiciens fantomes dont nous reconstituons méticuleusement la voix.
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Those people who constantly reblog your stuff but you never really talk:










He’s the SWORD GUARDIAN, GUARDIAN of the INVENTORY.
Read more Crow Time here.